Résilience et adaptation au changement climatique 1/2

Partie 1 – Financer l’adaptation et la résilience au changement climatique : pourquoi c’est important

Après le passage de deux ouragans au Honduras en l’espace de deux semaines, arrêtons-nous un instant pour réfléchir à la manière dont le changement climatique affecte les populations du monde entier. Les catastrophes détruisent les biens des individus, épuisent leurs ressources, plongent les familles dans la pauvreté et les y enferment. Ces conséquences frappent de manière disproportionnée les femmes et les filles, dont la qualité de vie se dégrade au fur et à mesure que l’environnement se dégrade.

Les populations pauvres ont moins de choix et dépendent davantage des ressources naturelles : elles brûlent du bois pour se chauffer, pratiquent une agriculture non durable, détériorent les écosystèmes et libèrent du carbone stocké, contribuant ainsi à endommager davantage l’environnement. Il n’est pas étonnant que l’Afrique compte 600 millions de personnes dépendant de l’agriculture pluviale, et qu’une part importante des émissions de gaz à effet de serre (GES) du continent provienne de l’utilisation des terres, de leur dégradation et de la déforestation.

Si nous n’abordons pas la question de l’adaptation et de la résilience, nous ne pourrons pas atteindre la neutralité carbone.

Les pays riches se sont concentrés sur l’atténuation pour réduire les émissions et limiter la hausse moyenne des températures bien en dessous de 2 °C. C’est indispensable : malgré des efforts encore insuffisants, les économies développées ont mis en place un large éventail de politiques et de mesures qui rendent les énergies renouvelables et le développement bas-carbone de plus en plus attractifs. Parmi elles figurent les plafonds d’émission et les marchés de quotas, les tarifs énergétiques reflétant le coût réel, les taxes et prélèvements carbone, ainsi que la suppression des subventions aux combustibles fossiles. Ces politiques ont permis de créer des sources de financement fiables pour stimuler l’investissement privé dans l’atténuation et le développement de technologies bas-carbone, obtenant ainsi des résultats notables dans la réduction des émissions liées à la consommation de biens et services.

L’adaptation au changement climatique a, en revanche, moins progressé. Pour diverses raisons et malgré les engagements visant à accorder autant d’importance à l’adaptation qu’à l’atténuation, très peu de politiques et de mesures soutenant l’adaptation sont en place, et les sources de financement fiables ou pérennes pour les investissements dans ce domaine sont rares. Seuls le Fonds pour l’adaptation et le Fonds vert pour le climat fournissent régulièrement des financements pour l’adaptation, essentiellement sous forme de subventions au secteur public. À ce jour, les pays riches n’ont pas adopté de mesures pour contribuer aux coûts de l’adaptation aux conséquences des émissions de GES générées par l’achat de biens et services. Or, y recourir sera crucial : sans adaptation humaine et sans renforcement de la résilience face au changement climatique, atteindre les objectifs de neutralité carbone est beaucoup moins probable, tout comme endiguer les migrations climatiques et la radicalisation.

En résumé, les gouvernements doivent élaborer des politiques et des mesures pour contribuer aux coûts de l’adaptation, par exemple en instaurant une taxe d’adaptation sur les biens et services. Nous avons trouvé de multiples moyens de répercuter les coûts liés à l’atténuation sur les consommateurs ; il nous faut faire de même pour ceux liés à l’adaptation.