Alors que le réchauffement climatique aggrave les inondations, des barrages mobiles en forme de serpent pourraient protéger les Africains.

GLASGOW, 12 nov. (Thomson Reuters Foundation) – Les barrières anti-inondation mobiles « slamdam » ressemblant à d’immenses serpents bleus figurent parmi les technologies prometteuses pouvant aider les pays africains à faire face aux crues éclair liées au changement climatique, selon la Banque africaine de développement.

Les gouvernements riches réunis au sommet COP26 de l’ONU à Glasgow — qui devait se terminer vendredi mais risque de déborder — sont sous pression pour renforcer le financement climatique, après avoir manqué leur engagement de mobiliser 100 milliards de dollars par an à partir de 2020 pour aider les pays en développement à réduire leurs émissions et à s’adapter à un réchauffement planétaire.

Un financement climatique accru, après des dizaines de milliards de dollars de déficit, pourrait favoriser l’adoption plus large de technologies innovantes comme ces digues portables néerlandaises faites de tubes en caoutchouc synthétique, ou le recyclage des déchets plastiques en blocs pour construire des habitations au Sénégal.

Avec l’aggravation du changement climatique, « il y aura un flux ininterrompu de projets, notamment en matière d’adaptation », a déclaré Gareth Phillips, responsable du financement climatique et environnemental à la Banque africaine de développement (BAD), qui collabore avec la société néerlandaise SLAMdam pour attirer des investisseurs.

« Le fait que nous n’ayons pas atteint l’objectif de 100 milliards signifie que nous n’avons pas financé autant de projets que nous le souhaitions », a expliqué Phillips lors de la COP26.

Les pays africains présents à Glasgow réclament des montants de financement beaucoup plus importants pour renforcer leur résilience face aux vagues de chaleur, à la sécheresse, aux tempêtes et à la montée des eaux.

Les slamdams, déjà en service aux Pays-Bas, coûtent 1 350 euros (1 546 $) pour une section de 5 mètres pesant environ 30 kg, qui se replie dans une caisse que deux personnes peuvent transporter, a précisé Omar Saleh, directeur général de Zephyr Consulting, qui fait la promotion de ces barrières portables au sommet COP26.

Une première série de slamdams est déjà en route pour le Nigeria afin de réaliser des tests pilotes, a-t-il ajouté. Un autre projet suivra au Burundi, et l’entreprise scrute le monde à la recherche de nouveaux chantiers.

Les tubes se déroulent au sol puis se remplissent d’eau pour former une digue en forme de saucisse d’environ 1 mètre de haut.

Les sections peuvent être reliées et déployées, comme un serpent, sur plusieurs kilomètres pour protéger habitations, routes ou exploitations agricoles des inondations locales.

SLAMdam affirme qu’il faudrait au moins 20 personnes travaillant 10 heures pour ériger un remblai d’urgence de 100 mètres avec des sacs de sable – alors que deux personnes équipées de pompes à haute capacité pourraient installer un slamdam de 100 mètres en deux heures.

BÉNÉFICES D’ADAPTATION

Une fois les inondations revenues à la normale, l’eau contenue dans les tubes peut être conservée pour l’irrigation en saison sèche, ou vidée, remballée et déplacée ailleurs.

Des cartes satellitaires de plus en plus précises, des prévisions météorologiques et des données sur les infrastructures et la population d’une zone donnée permettront aux scientifiques de déterminer exactement où déployer les digues.

La BAD collabore avec des entreprises, dont SLAMdam, pour concevoir un « Mécanisme des bénéfices d’adaptation » (ABM), qui tente de quantifier l’impact des projets d’adaptation sur les communautés locales comme première étape pour lever des financements, a expliqué Phillips.

Parmi les autres projets de l’ABM figurent l’évaluation des avantages économiques de la plantation de mangroves pour protéger les côtes ou d’une irrigation goutte-à-goutte plus efficace pour aider les agriculteurs à faire face à l’irrégularité des précipitations, selon la BAD.

Parmi les technologies mises en avant par l’ABM figure un projet de collecte des déchets plastiques dans la ville sénégalaise de Kaolack, puis leur recyclage en matériaux de construction, grâce à une technologie développée par la société colombienne Conceptos Plásticos.

« On peut broyer le plastique, le compacter et le mouler en bloc, comme une brique Lego, et l’utiliser pour construire des maisons », a expliqué Sergi Cuadrat, directeur de la stratégie et de l’innovation chez Allcot Group, qui développe le projet avec la municipalité de Kaolack.